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Des chiffres alarmants, un rythme insuffisant
En France, la lutte contre les passoires thermiques avance, mais à un rythme trop lent. D’après les dernières données, sur les 37 millions de logements que compte le pays (résidences principales, secondaires, et logements vacants y compris), il y avait 5,8 millions de logements classés F ou G au 1er janvier 2024. Cela représente 15,6 % du parc, en légère baisse par rapport à 17,8 % en 2023. Une diminution de seulement 2,2 %, indiquant qu’il reste encore beaucoup à faire …
Une urgence pour le climat et le secteur du bâtiment
François Gemenne, expert en climat, alerte sur la situation critique au micro de Franceinfo : selon lui, 14% des Français se plaignent de vivre dans des logements froids, ce qui équivaut à plus de 7 millions d’habitations mal isolées. Il souligne que pour réussir, le rythme actuel de rénovation doit être multiplié par trois. La rénovation énergétique n’est pas seulement une question écologique, mais aussi sociale. De nombreux Français vulnérables habitent ces logements vétustes, amplifiant l’urgence d’intervenir : « Les logements qui cessent d’être des passoires énergétiques en hiver, cessent d’être des fours en été. »
La rénovation énergétique est ainsi un sujet crucial pour la santé, le confort et le portefeuille des habitants.
Les freins à la rénovation énergétique
Mais pourquoi ce retard persistant ? Le principal obstacle reste le coût. Les travaux de rénovation demandent un budget d’investissement conséquent, souvent hors de portée des ménages. Paradoxalement, le gouvernement réduit également les aides disponibles, rendant la situation encore plus complexe. Il est possible de compenser ces coûts avec des économies d’énergie, mais les temps de retour sur investissement sont souvent longs.
Un autre facteur soulevé par Gemenne est le phénomène de rénovation par gestes. Les propriétaires retournent souvent à leur logement pour y effectuer des petits travaux, comme remplacer une chaudière ou isoler partiellement. Résultat : peu d’impact pour réduire les émissions de gaz à effet de serre du secteur immobilier. En effet, la consommation énergétique du secteur résidentiel reste d’ailleurs stable depuis 30 ans.
Vers une révolution de financement : la clé de la rénovation
Comment alors accélérer cette accélération des rénovations ? Gemenne propose d’être créatif dans le financement : « Il y a plein de choses à faire, notamment avec les banques et les crédits immobiliers. »
Plutôt que de considérer le crédit à la rénovation comme un simple crédit à la consommation, il serait astucieux de le voir comme un investissement immobilier. Cela pourrait séduire des investisseurs à long terme, désireux de rentabiliser leurs mises sur la durée. Ces investisseurs pourraient assurer le remboursement via une dette liée au bien immobilier. Une telle approche nécessiterait le soutien de l’État.
Des incitations à la rénovation par héritage
François Gemenne évoque également une idée intéressante : l’impact des droits de succession. En France, lorsque l’on hérite d’un bien immobilier, les droits de succession peuvent atteindre jusqu’à 40 % pour les sommes dépassant 900 000 euros. Que diriez-vous d’une réduction de ces droits si le logement était rénové avant d’être légué ? Ce serait ainsi un beau geste de la part des grands-parents envers leurs petits-enfants, souvent confrontés à des difficultés pour accéder à la propriété : rénover un logement avant de le léguer, serait alors un cadeau précieux.
Conclusion : vers un avenir durable
La rénovation énergétique des logements est cruciale pour réduire les inégalités sociales et lutter contre le réchauffement climatique. Le chemin est encore long en France, mais avec des solutions innovantes et un engagement collectif, il est possible d’accélérer le mouvement. Le dialogue doit continuer entre les acteurs du secteur, les banques et les gouvernements pour transformer les défis en opportunités, et ainsi accorder à chaque Français un logement sain et confortable.